Grand froid, une comédie grinçante mais pas glaçante

Les trois agents d’une société de pompes funèbres, perdue au fin fond de nulle part dans une ville sans âme et quasi déserte, regardent passer le temps avec lenteur, l’ennui semblant régner pour l’éternité…

Cette société de pompes funèbres attend désespérément le client, jusqu’au jour où enfin une famille en deuil se présente pour organiser les obsèques d’un défunt. L’histoire démarre alors, et se déroule principalement sur le chemin qui sépare la cérémonie de funérailles religieuses à l’église, du cimetière où est prévue l’inhumation. Sur cette route qui semble infinie vont se passer une multitude de situations cocasses.

UNE MÉTAPHORE DU PASSAGE VERS L’INFINI

Tel un miroir présenté face à la mort et au temps infini du tombeau, les thèmes de l’attente, du vide et de l’éternité constituent la toile de fond de ce film.

Et pourtant, on ne s’ennuie pas. Tous les clichés sur les pompes funèbres, les histoires les plus loufoques sur les croque-morts, mais aussi la réalité bien concrète des métiers du funéraire sont rebattus tour à tour. Depuis le décor désuet de l’agence de pompes funèbres jusqu’à l’attitude totalement décalée du prêtre, sans oublier les méthodes sans scrupules des conseillers funéraires.

EXPLORATION DES TRÉFONDS DE L’ÊTRE FACE À LA MORT

Jean-Pierre Bacri et Arthur Dupont incarnent deux agents funéraires à la fois sinistres et touchants, car on entrevoit les tréfonds de leurs âmes de croque-morts. Les autres personnages d’abord présentés sous un abord très froid ou professionnel, sont dévoilés dans leur humanité au fur et à mesure que les aventures se multiplient. La mise en lumière de leurs faiblesses les rend tantôt attachants, tantôt repoussants, et nous pose à nous aussi la question de notre propre attitude face à la mort.

L’ACCOMPAGNEMENT MUSICAL DU FILM

On remarque un choix très pointu de la musique dont la présence plutôt rare sert à rythmer et ponctuer l’histoire.

On note l’introduction et la conclusion du film par les premières notes de la très fameuse Toccata et Fugue en ré mineur de J.S. Bach. D’emblée le décor est planté:

La voix profonde, aérienne et parfois torturée de la chanteuse Mesparrow apparaît également sur la route du cimetière :

D’autres morceaux où l’on entend guitares, banjos et percussions accompagnent cette grinçante métaphore du passage façon road movie.

Enfin quelques musiques très contemporaines, percussions indiennes et chants d’outre tombe ponctuent les moments les plus délirants du film.

UN «MUST-SEE» POUR LES PROFESSIONNELS DU FUNÉRAIRE

Les professionnels du funéraire se reconnaîtront peut-être dans certaines situations. Quelle agence de pompes funèbres n’a pas connu l’attente infinie d’obsèques à organiser en période creuse ? Espérons que ce film les fera plus rire que grincer des dents. Un bon moment de détente à coup sûr !