Pas de Requiem pour Mozart

Lorsqu’on lui demande, en juillet 1791, de composer un Requiem, Mozart est autant absorbé de soucis qu’accablé de fatigue. La santé de sa femme Constanze, alors absente, le préoccupe et les répétitions de La Flûte Enchantée ne lui laissent guère de repos. Il met pourtant tant d’ardeur à honorer sa commande que la Messe des morts sera plus tard considérée comme l’un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire de la musique.

Ce que Mozart ne sait pas alors, c’est que l’auteur de la commande, le Comte Walsegg zu Stuppach tentera de lui dérober la propriété de l’œuvre en se faisant passer lui-même pour le compositeur. Il avait commandé cette œuvre pour commémorer la mort de son épouse, dont les obsèques avaient été célébrées un an plus tôt.

L’été 1791 est donc pour Mozart marqué par un surmenage et une dépression tels que cette dernière page musicale s’annonce comme son propre requiem. D’épuisement fondit-il en larmes en écrivant le poignant Lacrimosa ?

A l’automne 1791, Mozart sentant qu’il ne pourra sans doute pas achever son travail, confie à son élève Süssmayer la fin de son travail, tâche que ledit élève exécutera remarquablement après la mort du maître.

Le décès de Mozart à 36 ans se passe alors dans une indifférence surprenante. Roland de Candé, historien de la musique, le raconte ainsi:

«Le 6 décembre à 15h, son corps fut transporté à Saint Etienne pour une misérable cérémonie, sans pompe et sans une note de musique. Süssmayer, Salieri et trois autres suivirent le cercueil jusqu’aux portes de la ville. Mais la tempête leur fit alors rebrousser chemin. Constanze, accablée de douleur, n’était pas en état de sortir. C’est ainsi que les restes de Mozart furent ensevelis dans la fosse commune au cimetière Saint Marx.»

L’entreprise Elicci s’est penchée sur l’usage des œuvres musicales funéraires et tente aujourd’hui d’en réintroduire l’usage lors des funérailles, cérémonies pour lesquelles elles sont destinées. Une autre manière de rendre un dernier hommage à ses proches ainsi qu’aux plus grands compositeurs morts dans l’indifférence. N’est-il pas vrai que la musique élève l’âme?