Le Bandonéon, un son de cœur

Le Bandonéon est instrument de musique passionnant tant son histoire et son répertoire sont vastes et riches.

Laissons plutôt la parole à l’un de ses plus grands maîtres, l’argentin Astor Piazzolla, formé auprès des musiciens et pédagogues les plus marquants, comme Nadia Boulanger ou Aníbal Troilo. Il est l’un des principaux rénovateurs du Tango dont beaucoup, dans les années 1950 avaient annoncé les funérailles et le considéraient comme mort et enterré.

Portrait d’Astor Piazzolla, le grand maestro du bandonéon

 

HISTOIRE ET PRATIQUE DU BANDONÉON

Voici un extrait d’une interview accordée par Astor Piazzolla à la BBC en 1989 :

A. P. – « Le Bandonéon fut créé en 1854 en Allemagne afin de jouer de la musique religieuse, de la musique d’église. N’ayant plus d’argent pour acheter un orgue ou un harmonium et les allemands inventèrent cet instrument. Il était alors apellé Bandonium. […] Un grand nombre de marins jouaient de cet instrument lorsqu’ils montaient à bord. Et c’est ainsi qu’il est arrivé en Argentine où ils commencèrent à en jouer dans les maisons de plaisirs. Mais des accordéonistes italiens adoptèrent rapidement cet instrument afin de pouvoir interpréter des tangos parce qu’il avait un son très mélancolique, un son velouté. L’accordéon a un son joyeux alors que le bandonéon n’a rien de gai en lui. »

Question de l’interviewer – Comment en joue-t-on, que fait-on avec chaque main ?

A. P. – « A la main gauche, il y a les basses, et la main droite est similaire à un violon. C’est comme un quartet à corde.»

Question de l’interviewer – Il ne joue pas d’accords ?

A. P. – « Si. Pas un seul comme avec l’accordéon. Si vous voulez un accord, vous devez utiliser tous vos doigts. Nous avons seulement quatre doigts de chaque coté et les pouces pour tenir l’instrument. Les accords sont créés note par note. Vous obtenez des accords de huits notes. C’est assez difficile. Par exemple, lorsqu’à la main droite, vous faites une gamme en ouvrant le soufflet le bouton faisant sonner la note do, donne un ré en fermant le soufflet. Pour ontenir le même do en fermant le soufflet il faut acctionner un autre bouton. De même la main gauche possède une configuration de sons en ouvrant et une différente en fermant le soufflet. Les cotés droit et gauche sont totalement differents et indépendants. C’est pour cette raison que cet instrument est d’une grande complexité. […]. »

D’abord instrument religieux en Allemagne, le bandonéon est devenu l’instrument typique du tango argentin.

 

DE LA MUSIQUE D’ÉGLISE AU TANGO, UN SON DE VELOURS

Après cet éclairage technique d’Astor Piazzolla, ajoutons que le bandonéon dispose d’un très large répertoire qui va de la musique religieuse à la musique classique, en passant par le folklore d’Allemagne, d’Europe du Nord, et de tous les pays du bassin du Rio de la Plata en allant jusque dans les hauteurs des plateaux andins avec le Chamamé par exemple. Il permet aussi d’interpréter des danses, musiques et chansons populaires françaises (bal musette) et du monde entier (Balkans, Moyen Orient…), du jazz et des œuvres contemporaines.

Néanmoins, ce qui marque profondément le bandoneon reste tout de même sa place prépondérante au sein du Tango. Il aura su séduire des grands maîtres de cet instrument, souvent aussi compositeurs de renom comme Francisco Canaro, Enrique Santos Disceplo, Anibal Troilo, Astor Piazzolla, et plus près de nous Ruben Juarez, Daniel Binelli, Dino Saluzzi, César Stroscio, Juan Jose Mosalini, et tant d’autres.

Tendre et profond, le son du bandonéon est une célébration à ce qui raisonne de plus évident et de plus sincère en nous : la vie, la mort et l’amour que l’on porte à ceux qui nous entourent, à qui l’on tient parfois, souvent, plus qu’à nous mêmes.

Annie Kouyoumdjian

L’AVIS D’ELICCI

Le bandonéon est donc un instrument qui se prête particulièrement bien à l’accompagnement musical des obsèques :

– pour les enterrements religieux, il peut remplacer l’orgue si la paroisse n’en dispose pas

– pour tous types de funérailles, civiles comme religieuses, car il procure un son chaud et rond avec une large palette de nuances, ce qui est propice à l’expression des émotions les plus profondes. Et comme le dit Astor Piazzolla : «le bandonéon n’a rien de gai en lui».

QUELQUES IDÉES DE MUSIQUES POUR OBSÈQUES AU BANDONÉON :

Adios Nonino, d’Astor Piazzolla, pour une cérémonie religieuse ou civile : https://youtu.be/AYU-n7Ket-c?si=dbFIvVeeieq4cCXq

Cet Aria de Bach pour une messe de funérailles :

Dans un style bal musette / chanson populaire française pour une inhumation au cimetière :

INTERVIEW COMPLÈTE D’ASTOR PIAZZOLLA PAR LA BBC EN 1989 :