Un miracle ? Cela s’est passé en septembre 2015 à Saint Petersbourg
Alors que depuis des années on fouille les archives du conservatoire, en vain, il a fallut d’un simple déménagement pour remettre la main, de manière tout à fait fortuite, sur la partition manuscrite de l’Eloge Funèbre de Stravinsky.
Cette pièce funéraire, que le compositeur considère comme sa plus belle oeuvre musicale, avait été composée en 1908, quelques mois après la mort de Rimsky-Korsakov. Stravinsky avait dédié cette pièce à ce dernier qui avait été son professeur.
Eloge Funèbre avait été joué une seule fois au conservatoire de St Petersbourg, en janvier 1909. Puis le manuscrit avait disparu, et longtemps on a pensé que le régime communiste s’était chargé d’enterrer le travail de Stravinsky.
Ce dernier, alors en exil, s’en était lui-même désolé, ce que l’on peut comprendre : sa plus belle oeuvre n’avait eu l’occasion d’être jouée qu’une seule fois, et jamais encore pour des obsèques ou lors d’une occasion funéraire semblable. Si l’oeuvre avait été retrouvée avant la mort de Stravinsky, il est probable qu’elle aurait été jouée pour ses propres funérailles.
La perte de cette oeuvre n’a pour autant pas empêché Stravinsky de se faire rapidement une renommée internationale, notamment en composant la musique de trois ballets de Diaghilev : L’Oiseau de Feu (1910), Petrouchka (1911) et Le Sacre du Printemps dont la première représentation au Théâtre des Champs Elysées en 1913 fit scandale. Stravinsky était très intégré dans la société artistique parisienne de l’époque, aux côtés de Debussy, Ravel, Schmitt, mais aussi Picasso, Braque ou encore Cocteau.
Le manuscrit à présent retrouvé, le monde musical est impatient de l’entendre mis en musique. Eloge Funèbre est une oeuvre pour orchestre, et dure 12 minutes environ. A la lecture de la partition, Natalia Bragvinskaia, musicologue au conservatoire de St Petersbourg et spécialiste de Stravinsky, évoque « un dialogue de sonorités puissant, un hymne processionnel lent, avec des timbres instrumentaux contrastés » . On imagine aisément un cortège de musiciens accompagnant une procession funéraire au cimetière.
Pour l’heure, quel événement pour le Conservatoire de St Petersbourg de redonner vie à cette oeuvre !